L’Académie de Vaucluse et Pétrarque.

L’Académie de Vaucluse et Pétrarque.

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« Le monde depuis Virgile n’avait pas eu un tel poète ;
l’amour depuis le Christianisme n’avait pas eu un tel amant !
Entre Héloïse et Abélard, Laure et Pétrarque,
on a toute la poésie et toute la divinité de l’amour chrétien. »

Lamartine. Vie de Pétrarque.

 Avignon et le département de Vaucluse ont la chance, qu’ils exploitent trop peu, d’avoir vu vivre sur leur territoire d’illustres écrivains. Parmi eux Pétrarque (1304-1371), né en Italie, et dont la famille s’installa à Carpentras en 1311.

Notre confrère, le docteur Georges Brun concluait sa préface aux Lettres de Vaucluse de Pétrarque de la manière suivante :

« Par l’orientation même de sa pensée Pétrarque n’est déjà plus de son siècle et abandonne aussi bien la théologie que la scolastique. Il entre en guerre contre les fausses sciences. Il condamne les astrologues, les magiciens et ne voit dans les sciences occultes que le produit de l’aberration humaine. Il ne croit pas aux horoscopes et ne voit que « malice » humaine dans l’exploitation qui en est faite.
J’espère que cette dernière touche n’aura pas été inutile pour définir cet homme du trecento qui a été poète épique et lyrique, écrivain, historien, géographe, moraliste, polémiste, dessinateur, musicien et amoureux d’une nature que le Génevois
(Jean-Jacques Rousseau) ne devait découvrir que quatre siècles plus tard. »

 Ces quelques lignes ont le mérite de présenter les différentes facettes de la personnalité de cet être d’exception, dont on ne retient, trop souvent, que l’amour malheureux pour Laure qui lui inspira de sublimes poèmes ; cet amour mériterait que l’un de nos confrères l’analyse, au regard notamment de ces quelques lignes étonnantes :

« J’ai été en proie, dans mon adolescence, à un amour très violent, mais unique et honnête, et j’en aurais souffert plus longtemps si une mort cruelle, mais salutaire, n’eût éteint ma flamme, qui commençait à s’attiédir. Je voudrais bien pouvoir dire que les plaisirs des sens n’ont eu aucun empire sur moi, mais si je le disais je mentirais; je puis affirmer sans crainte que, si l’ardeur de l’âge et du tempérament m’ont entraîné vers eux, j’en ai toujours détesté dans mon âme la bassesse. En approchant de ma quarantième année, alors que j’étais encore plein de feu et de vigueur, non seulement j’ai renoncé à l’oeuvre de chair, mais j’en ai perdu tout souvenir, comme si je n’avais jamais regardé une femme. Je compte cela parmi mes plus grandes félicités, et je remercie Dieu qui, dans la force de mon âge, m’a délivré d’une servitude si vile et que j’ai toujours eue en horreur. Mais je passe à autre chose. » Extrait de l’Epître à la postérité.

Pétrarque, qui fit de Vaucluse (cette localité ne s’appelait pas encore La Fontaine de Vaucluse) son havre de paix, reçut, de tous temps, les hommages de nos compatriotes.

L’Athénée de Vaucluse (ancienne dénomination de l’Académie de Vaucluse) participa en 1804 aux célébrations du cinquième centenaire de la naissance du poète, et, sur proposition de M. Piot, magistrat au Tribunal civil d’Avignon, fit ériger un monument à sa gloire à Vaucluse.

En 1874, 60.000 personnes assistèrent, en Avignon, aux fêtes organisées pour son cinquième centenaire.

Victor Hugo, qui avait décliné l’invitation en raison d’une grave maladie de son petit-fils, écrivit, dans une lettre du 18 juillet 1874, les lignes suivantes :

« … Pétrarque est une lumière dans son temps, et c’est une belle chose qu’une lumière qui vient de l’amour !
Il aima une femme et il charma le monde. Pétrarque est une sorte de Platon de la poésie. Il a ce qu’on pourrait appeler la subtilité du cœur, et en même temps la profondeur de l’esprit. Cet amant est un penseur, ce poëte est un philosophe. Pétrarque, en somme, est une âme éclatante.
Pétrarque est un des rares exemples du poëte heureux. Il fut compris de son vivant, privilège que n’eurent ni Homère, ni Eschyle, ni Shakespeare. Il n’a été ni calomnié, ni hué, ni lapidé. Pétrarque a eu dans cette vie toutes les splendeurs, le respect des papes, l’enthousiasme des peuples, les pluies de fleurs sur son passage dans les rues, le laurier d’or au front comme un empereur, le Capitole comme un Dieu. Disons virilement la vérité: le malheur lui manque. Je préfère à cette robe de pourpre le bâton d’Alighieri errant. Il manque à Pétrarque cet on ne sait quoi de tragique qui ajoute à la grandeur des poëtes une cime noire, et qui a toujours marqué le plus haut sommet du génie. Il lui manque l’insulte, le deuil, l’affront, la persécution. Dans sa gloire, Pétrarque est dépassé par Dante, et le triomphe par l’exil.
»

Les 16, 17 et 18 juillet 1904, Avignon et Vaucluse célébraient le sixième centenaire de la naissance de Pétrarque à l’initiative de l’Académie de Vaucluse. Le comité d’honneur comportait les plus importants notables du département.

Le programme comportait notamment trois concours :

– un concours poétique: les concurrents devaient traiter, soit en français, soit en provençal, l’un des sujets suivants:

– Les yeux de Laure : ce qu’ils inspirent et ce qu’ils disent (Pétrarque a composé sur la chanson des yeux trois poésies que les Italiens appellent les Trois Sœurs ou Les Trois Grâces. L’abbé de Sade les a traduites.)

– Le jardin de Pétrarque et le laurier symbolique.

– Le songe de Pétrarque (Vision de la mort de Laure).

– Pétrarque au Capitole.

– Ode à la Fontaine de Vaucluse.

 – un concours historique ; les concurrents devaient traiter un des sujets suivants :

– Pétrarque et Philippe de Cabassole.

– Pétrarque et les Colonna.

– Pétrarque à Vaucluse (sa maison, son genre de vie, etc.).

– Pétrarque et Convenole, son professeur à Carpentras.

 – un concours artistique; sujet imposé : un diplôme qui serait délivré aux membres de l’Académie ou à ses lauréats.

En 2004, pour le septième centenaire de la naissance du poète, de nombreuses manifestations furent organisées dans le département de Vaucluse (voir la revue de presse confectionnée par la Conservation des musées départementaux de Vaucluse). Je mentionnerai, à titre d’exemples :

– un colloque international à Avignon ;

– des promenades littéraires au Palais des Papes, à Fontaine-de-Vaucluse, au Mont-Ventoux, etc. ;

– une exposition aux archives départementales : « Images du Mont-Ventoux » ;

– des conférences organisées par l’Association franco-italienne du grand Avignon, les Entretiens de Montfavet, l’association Memori, le « Printemps du livre » à Sorgues.

– divers concerts.

Dans le passé, Pétrarque a été étudié par plusieurs de nos confrères. Cet intérêt s’est émoussé depuis quelques décennies et j’espère que cette petite note bio-bibliographique le ravivera.

Jean-Louis Charvet, bibliothécaire-archiviste de l’Académie de Vaucluse.

Quelques articles et livres de ou sur Pétrarque (et son temps) conservés dans la bibliothèque de l’Académie.

(La mention B.A.V. précédant la cote signifie que l’ouvrage figure dans la bibliothèque de l’Académie de Vaucluse. M.A.V. signifie: Mémoires de l’Académie de Vaucluse.)

B.A.V. 16° 297. J. Guérin. Description de la fontaine de Vaucluse, suivie d’un essai sur l’histoire naturelle de cette source, auquel on a joint une notice sur la vie et les écrits de Pétrarque. Ouvrage annoncé par l’Athénée de Vaucluse. A Avignon, chez Chambeau, imprimeur-libraire. (An 12) 1804. Avec une gravure de la fontaine de Vaucluse.

 

B.A.V. 8° 1566. Notizie sopra due piccoli ritratti in bassorilievo rappresentanti il Petrarca e Madonna Laura che existono in casa Peruzzi di Firenze, con delle iscrizioni del XIV secolo. Parigi. Dai torchi di Dondey-Dupré. 1821.

 

B.A.V. 8° 2116. Séance publique de l’Académie de Vaucluse, tenue le 30 novembre 1820, à l’occasion du Prix d’éloquence décerné à M. Liotard, auteur du meilleur Eloge de Pétrarque, au jugement de cette Société. Musis, artibus, arvis. Avignon, de l’imprimerie de Seguin aîné. 1821.

La brochure, non coupée jusqu’à ce que je la consulte, près de deux cents ans après son édition, contient:

– un extrait des registres de l’Académie de Vaucluse: séance du 15 septembre 1820;

– un discours d’ouverture par M. de Cotton, préfet de Vaucluse, président honoraire de l’Académie;

– un « Compte rendu de l’Eloge de Pétrarque, discours qui a remporté le prix d’éloquence, au jugement de l’Académie de Vaucluse; prononcé dans la séance publique du 30 novembre 1820, par M. Hyacinthe Morel, secrétaire perpétuel de la même Académie;

– des fables et une épître par le baron de Stassart;

– un « Fragment d’un voyage pittoresque et scientifique dans les Alpes françaises » par le docteur Guérin;

– une ode anacréontique par Achille Dulaurens;

– d’étonnantes « Réflexions sur les dangers qui naissent de certains costumes des femmes » par le docteur Roche:

– une cantate par Hyacinthe Morel.

PER 59 sexto b. Même description.

La bibliothèque possède six autres exemplaires de cette brochure, non cotés.

 

B.A.V. 8° 1687. Le cinquième centenaire de Pétrarque (fêtes des 18, 19 et 20 juillet 1874). Pas de date ni de nom d’éditeur. A été insérée après la page 288: Fêtes littéraires du cinquième centenaire de Pétrarque… (brochure de 24 pages éditée à Aix par la typographie Ve Remondet-Aubin en 1874).

 

B.A.V. 16° 301. Henry Cochin. Le frère de Pétrarque et le livre du repos des religieux. Paris. Emile Bouillon, éditeur. 1903. Ouvrage très documenté, nombreuses sources citées.

 

B.A.V. Non coté. Sixième centenaire de la naissance de Pétrarque célébré à Vaucluse et Avignon les 16, 17 et 18 juillet 1904. Académie de Vaucluse. Avignon. François Seguin, imprimeur-éditeur. 1904.

B.A.V. 8° 938. Même description.

B.A.V. 1937. Même description.

B.A.V. 1765. Même description. Relié.

 

B.A.V. 8° 999. A exposiçao petrarchiana da bibliotheca nacional de Lisboa. Catalogo summario del director da mesma bibliotheca Xavier da Cuhna. Lisboa. Imprensa nacional. 1905. Brochure précieuse pour sa bibliographie en plusieurs langues et un catalogue iconographique important (malheureusement non illustré).

 

M.A.V. 1905. Laval Victorin. Discours prononcé à la Sorbonne en l’honneur de Pétrarque.

 

M.A.V. 1925. Benoît Fernand. Pèlerins italiens de la Renaissance à la Fontaine de Vaucluse.

 

M.A.V. 1926. Dumas Alfred. Le platonisme de Pétrarque.

 

M.A.V. 1927. Caillet Robert. Une exposition de Pétrarque à la Bibliothèque de Carpentras.

 

M.A.V. 1932. Chamsky-Mandajors Charles. Le souvenir de Pétrarque en Avignon (avec une poésie de P. de Nolhac).

 

M.A.V. 1932. Mignon Maurice. Discours sur Pétrarque.

 

M.A.V. 1932. Moreau Laurent. Un jour à la Fontaine de Vaucluse.

 

M.A.V. 1936. Ramette Gustave. A propos de la tombe de Laure.

 

B.A.V. 8° 1823. Julian Pierre. Le pèlerinage littéraire du Mont Ventoux. Les éditions du « Mt Ventoux ». Dessin de Pierre de Champeville et culs-de-lampe de René Duplan. Carpentras. 1937. Ce livre est assez rare, puisqu’il n’a été tiré qu’à 400 exemplaires.

 

M.A.V. 1942. Moreau Laurent. Essai sur François Pétrarque.

 

B.A.V. 16° 515. Théodore-Aubanel Marie. Immortels amants d’Avignon. Laure et Pétrarque. Chez l’auteur 80, rue Guillaume-Puy, Avignon. 1952.

 

B.A.V. 2389/3. Contini Gianfranco. Préhistoire de l’AURA de Pétrarque. Dans: Actes et mémoires du 1° congrès international de langue et littérature du midi de la France. Palais du Roure. Avignon. 1957.

 

B.A.V. 2389/1. Mignon Maurice. La Provence dans l’œuvre de Pétrarque. Ses jardins de Vaucluse. Dans: Congrès de civilisation et de cultures provençales. Palais du Roure. Avignon. 1961.

 

B.A.V. 2577. Guillemain Bernard. La Cour pontificale d’Avignon (1309-1376). Etude d’une société. Paris. Editions E. de Boccard. 1962. Ouvrage très important qui permet de comprendre comment fonctionnait la Cour d’Avignon, que Pétrarque appelait, avec mépris, Babylone.

 

B.A.V. 8° 1919. Pétrarque. Lettres de Vaucluse, traduites du latin pour la première fois par Victor Develay. Préface (contenant une courte biographie de Pétrarque) par le docteur Georges Brun. Le Nombre d’Or. Carpentras. 1974. Ce livre est assez rare, puisqu’il n’a été tiré qu’à 500 exemplaires.

 

B.A.V. 2701. Paladilhe Dominique. Les papes en Avignon ou l’exil de Babylone. Librairie académique Perrin. 1975.

 

B.A.V. 1919. Pétrarque. Lettre à François Denis, de Borgo San Sepolchro et de l’Ordre de Saint Augustin… Malaucène, le six des Calendes de Mai 1336 (sur son ascension au Mont Ventoux). Dans: Georges Brun. Le Mont Ventoux. Recueil de textes anciens et modernes. 2° édition. Le Nombre d’Or. Carpentras. 1977.

 

B.A.V. 8° 2071. Haesevoets François. Fontaine de Vaucluse. Monuments et inscriptions mémorables. René Jeanne imprimeur. Paris. 1978. Ouvrage rare (100 exemplaires numérotés).Nombreuses illustrations.

 

B.A.V. Deux cents ans d’Académie de Vaucluse. 1801-2001. Catalogue d’expositions rédigé par Alain Maureau, Raphaël Mérindol et Bernard Thomas. 2001.

 

B.A.V. 2582. Pétrarque. Lettre à Dionigi Roberti, écrite à Malaucène le 26 avril 1336 (sur son ascension au Mont Ventoux). Dans: Bernard Mondon, Voyages au Mont Ventoux, florilège littéraire. Editions A. Barthélemy, Avignon, 2003.

 

B.A.V. Non coté. Le Département de Vaucluse célèbre le VII° centenaire de la naissance de Pétrarque. Revue de presse. 2004.

 

B.A.V. 2702. Favier Jean. Les papes d’Avignon. Fayard. 2006.

 

B.A.V. 2669. Portraits de femmes en Vaucluse. Club Azertyuiop Avignon. 2012.

– Georges Barthouil. Laure.

– Eve Duperray. Laure: une icône désirable.